Hier soir conservateurs et travaillistes ont tenus leurs congrès respectifs afin de mobiliser leurs troupes en prévision des élections municipales de dimanche prochain. Ces deux différents évènements, qui accueillaient des personnalités politiques polariennes tel que Andreas Balm pour l’ANP et Jean-Michel Dupres pour les travaillistes, ont donné lieu à d’intenses attaques entre travaillistes et conservateurs. Ce premier scrutin depuis l’arrivée de l’ANP au pouvoir en janvier 2017 revêt une importance capitale afin de connaître le rapport de force actuel dans le pays, au-delà de simples sondages.

Pour l’heure les sondages montrent une certaine érosion des travaillistes au profit des écologistes du Green Party, toutefois ces sondages réalisés au niveau national ont peu de valeur pour un scrutin qui se joue au niveau local. Néanmoins il semblerait que le LPA ait décidé de violemment attaquer le Green Party en essayant de monopoliser l’espace à gauche. Ainsi Lisa Wheeler secrétaire générale du labor a longuement fustigé le Green Party qu’elle juge « irréaliste dans ses proposition », citant par exemple la proposition de la secrétaire générale des écologistes, Liz Kennet, de rendre les transports publics gratuits dans la ville de Calvincity, ville de 4,8 millions d’habitants.

À l’inverse les conservateurs qui ont les mains libres à leur droite en ont profité pour violemment attaquer la gauche, tant du point de vue de ses propositions au niveau local que de son idéologie au niveau national. William Cares, gouverneur ANP du Tasman et représentant de l’aile droite du parti, en a ainsi profité pour dénoncer « l’idéologie de l’assistanat des travaillistes », citant la proposition du candidat travailliste à la mairie de Darwin d’augmenter les impôts dans la ville pour redistribuer de l’argent aux plus pauvres. À l’inverse Mme Kathleen Hamilton, qui a vaincu son adversaire Bryan Dole, au cours d’une primaire interne à la section ANP locale de Darwin a mis en avant sa proposition de diminuer les impôts pour « rendre leur richesse aux habitants et attirer de nouvelles entreprises ».

Ces élections municipales revêtent une importance capitale pour un labor en mal de renouvellement et qui semble de plus en plus distancé par les écologistes. Depuis les élections fédérales de 2016 le parti peine à se relever et à se rassembler autour d’un programme commun, en effet ceux-ci n’avaient pas envisagé la possibilité d’une défaite et n’ont toujours pas réussi à se mettre d’accord sur les causes de celle-ci. À sa gauche le Green Party profite d’un espace politique laissé vacant par un Labor en proie à des divisions internes et en mal de renouvellement. Ainsi les propositions de ce dernier d’augmenter le smic local ou de rendre les transports publics dans la ville de Calvincity apparaissent révolutionnaires face à un LPA qui peine à sortir de son orthodoxie libérale adoptée au début des années 1990 afin de battre les conservateurs. Plusieurs voix s’élèvent pour mettre la barre à gauche et reprendre de l’espace aux écologistes, comme le souhaite sa secrétaire Lisa Wheeler mais le comité politique aux mains de l’aile droite du parti reste sur sa ligne et s’oppose à une « gauchisation » de la plateforme du parti.

Face à un LPA en proie aux doutes les conservateurs gagnent du terrain et n’auront probablement jamais fait campagne aussi facilement.

Nunavik : Mett Geisler en bonne position pour le poste de Gouverneur

Les élections territoriales de dimanche 23 juillet seront les premières pour le Nunavik depuis son entrée dans la fédération australianne. L’objectif de ces élections est d’élire un gouverneur pour le territoire.

Pour ces premières élections Mett Geisler, soutenue par l’ANP, est en bonne position pour remporter le siège de gouverneur. Le fait qu’une candidate soutenue par les conservateurs accède au poste de gouverneur du Nunavik pourrait être perçu comme un signal pour les travaillistes à une semaine des élections municipales, néanmoins il faut se méfier des apparences. En effet si les nunavikiens placent Mme Geisler en tête c’est d’avantage parce qu’elle a soutenu le projet d’adhésion à la fédération, très populaire au sein de la population, que pour ses positions politiques. Ce n’est donc pas un vote d’adhésion mais un vote de personnalité.

Celle-ci étant largement populaire au sein de la population ses adversaires peinent à se faire entendre.

À près de 42 ans, Mett Geisler devient gouverneure du Nunavik, battant son adversaire travailliste Lars Eedik. Sans grande surprise au vu de sa popularité dans ce territoire polaire, Mme Geisler a battu son adversaire par 56,3% contre 43,7% pour Mr Eedik. Mett Geisler a en effet été la figure principale du camp du « Oui » au référendum de fédéralisation tandis que son adversaire travailliste, qui faisait partie du même camp, était relativement inconnu. Cette élection s’est donc davantage jouée sur la notoriété des candidats que sur leurs programmes respectifs.

La participation à cette première élection territoriale est de 68,1%, un chiffre correct quand on sait l’étendue du territoire et la rudesse des conditions climatiques, même en été, pour accéder aux bureaux de vote.

Concernant la carte des circonscriptions remportées, on peut observer que les travaillistes ont gagné 5 de leurs 6 circonscriptions autour de la région d’Amundson et une à l’ouest du territoire. Ainsi on peut noter que ce sont surtout les « citadins » (citadins pour les nunavikiens) qui ont voté travailliste quand les régions plus reculées et beaucoup moins densément peuplées ont principalement voté conservateur. Néanmoins la principale ville et capitale administrative du Nunavik : Amundson a principalement voté conservateur, l’explication serait que cette circonscription est celle de Mett Geisler, très populaire dans le territoire.

Ces élections municipales montrent une déroute complète des travaillistes qui s’effondrent par rapport à leur score impressionnant de 2013. En 2013 ceux-ci contrôlaient 22 villes sur les 33 de plus de 50 000 habitants, ce soir ce nombre est tombé à 16 sur 34 (Amundson du Nunavik s’est rajoutée cette année). De l’autre côté les conservateurs peuvent jubiler, le gouvernement de Matt Lewis à Edimborrow peut souffler, les électeurs semblent pour le moment appuyer sa politique le nombre de villes possédées par l’ANP passe de 11 à 16. Un autre parti se souviendra longtemps de ces élections, il s’agit des verts qui voient leur nombre de ville augmenter de 0 à 2 et prennent le contrôle de Calvincity, ville la plus riche et la plus peuplée du pays, en en chassant le Labour.




Pour l’ANP le succès le plus flagrant est la prise des villes de Bendigo et Maittee, deux villes traditionnellement travaillistes qui ont cette fois opté pour les conservateurs. Les conservateurs assoient ainsi un peu plus leur assise dans l’Otago après avoir conquis l’état il y’a seulement deux ans. Un cas singulier est celui d’Amundson, la ville a massivement voté pour l’ANP mais il semblerait que ce soit davantage en raison de l’entrée dans la fédération, permise par le gouvernement Lewis, que d’une réelle adhésion au programme des conservateurs. Enfin à Darwin, considérée comme la capitale du conservatisme, c’est finalement le candidat ANP dit « modéré » Bryan Dole qui l’emporte face à la très droitière Kathleen Hamilton (ANP également), avec 40,4% contre 29,3%, le candidat travailliste est loin derrière avec seulement 15,6%.

Le Green Party lui jubile, sa président Liz Kennet vient d’accéder à la mairie de la plus grande ville d’Australia en battant l’équipe travailliste sortante par 45,7% contre 21,4% et 20,3% pour le candidat ANP local. C’est un véritable triomphe pour le parti qui accède pour la première fois à la tête d’une grande ville, qui est également la capitale économique du pays. Parallèlement à ce succès les verts remportent également la ville de Worthwood à l’est de Calvincity. Cette élection est donc un véritable triomphe pour le GP, bien que ces deux victoires aient eu lieu dans le Calvin, état réputé pour la bonne tenue du score des différents candidats écologistes.

Pour le Labour on l’a vu cette élection est considérée comme un véritable naufrage, selon divers analystes ainsi qu’une partie de l’aile gauche si le Labour a perdu c’est car son message était peu clair, le parti n’a en effet plus de véritable programme politique depuis sa défaite à l’élection fédérale de janvier 2016. L’aile gauche du parti, conduite par Lisa Wheeler (présidente du parti), considère que le bureau politique, chargé de l’élaboration du programme, est trop « centriste » et qu’il ne se démarque donc pas assez du programme des conservateurs en évitant de vouloir froisser les électeurs centristes. Mme Wheeler espère donc que cet électrochoc permettra au bureau politique de reconsidérer leurs opinions, voire de faire en sorte que celui-ci démissionne, cet organe est en effet majoritairement composé de travaillistes centristes qui ont gouverné durant les précédents gouvernements de gauche.

En somme ce soir Darwin fait la fête tandis qu’Alto Mare a le blues.

NB: carte ici pour resituer les grandes villes:

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